Plan de relance en Allemagne – Partie 1 : Infrastructures

18.08.2025
Relancer la croissance et restaurer la compétitivité du pays, ce sont les objectifs principaux de la coalition politique en place en Allemagne. Après avoir traité dans un 1er article le secteur des infrastructures, décryptage dans un 2nd volet du soutien du gouvernement pour l'investissement et l'innovation.
Annoncé dès le mois de juin par Lars Klingbeil, Ministre des Finances, 46Mds€ de baisse d’impôts et d’accélération des amortissements seront accordées aux entreprises d’ici la fin de la législature en 2029. Mesures phares de ce plan, la baisse progressive du taux d’IS, et surtout l’amortissement de 30% sur les biens d’investissements (permettant à une entreprise qui investit dans du matériel de déduire 30% par an du montant de ses bénéfices imposables) ont pour objectif de stimuler l’investissement privé dès le second semestre de 2025. Ces mesures ont été adoptées par le Parlement en juillet dernier.
Par ailleurs, l’Allemagne veut redevenir une terre d’innovation et de croissance technologique. Pour y parvenir, la nouvelle coalition fédérale y met les moyens : réforme du Crédit d’Impôt recherche, fonds souverain de 100 milliards d’euros, cloud local, IA, robotique, finance allégée, soutien aux femmes fondatrices…
Autant d’initiatives qui ouvrent la porte aux entreprises françaises prêtes à s’y développer.
Ce dispositif temporaire, en vigueur entre le 1er juillet 2025 et le 31 décembre 2027, permet aux entreprises de déduire 30 % du prix d’achat d’un bien d’équipement dès la première année, en plus de l’amortissement classique.
Avec cette mesure, le gouvernement cherche à accélérer la modernisation industrielle, améliorer la liquidité des entreprises et soutenir les secteurs à forte intensité capitalistique (CAPEX).
Les grands bénéficiaires du Plan seront les entreprises industrielles, technologiques, logistiques ou numériques qui réalisent des investissements matériels importants.
Ce qu’il faut retenir :
Concrètement, pour un investissement de 100.000 €, l’amortissement exceptionnel permet de déduire 30.000 € la première année. Avec un taux d’imposition de 30 % (hypothèse), cela représente 9.000 € d’économies fiscales immédiates.
Un investissement de 1 million d’euros en machines peut ainsi générer 90.000 € d’économies fiscales la première année – un levier important pour la croissance ou l’autofinancement.
Dans une optique de gain de compétitivité, le gouvernement allemand a décidé d’alléger progressivement la fiscalité des entreprises. À partir du 1er janvier 2028, l’impôt fédéral qui représente le taux forfaitaire de base de l’IS (Körperschaftsteuer) sera réduit d’un point de pourcentage chaque année, pour passer de 15 % actuellement à 10 % en 2032.
Le calendrier est clair :
Une fois cette réforme pleinement appliquée, la charge fiscale globale sur les bénéfices des entreprises (impôt fédéral + impôt local) passera de 30 % à 25 %, positionnant l’Allemagne parmi les pays à fiscalité modérée pour les sociétés de capitaux.
Ce dispositif s’inscrit dans une logique de compétitivité fiscale, destinée à soutenir l’investissement, la réindustrialisation et l’attractivité du site allemand, notamment face aux États-Unis et à certains pays européens.
À compter du 1er juillet 2025, les entreprises allemandes bénéficient d’un dispositif fiscal renforcé pour l’achat de véhicules 100 % électriques, avec deux leviers complémentaires :
En parallèle, le plafond de valeur pour bénéficier du régime fiscal réduit applicable aux véhicules de société à zéro émission (lorsqu’ils sont utilisés à titre privé) passe de 70.000 € à 100.000 €.
Concrètement, cela signifie que pour ces véhicules, seuls 25 % du prix catalogue brut sont pris en compte dans le calcul de l’avantage imposable en cas d’usage privé, ce qui représente une réduction significative de la base imposable pour le collaborateur ou le dirigeant concerné.
Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement allemand met en place un cadre fiscal clairement tourné vers l’investissement et l’innovation. Amortissements accélérés, fiscalité allégée, incitations ciblées à la mobilité propre : tout converge vers un objectif assumé de réengagement rapide de l’économie et de renforcement de la compétitivité des entreprises.
Un contexte très favorable aux entreprises françaises, qu’elles soient fournisseurs d’équipements ou qu’elles envisagent de s’implanter.
Le gouvernement allemand élargit et simplifie cette prime fiscale pour la R&D afin d’encourager davantage l’investissement des entreprises dans l’innovation.
Ce qui change :
Concrètement, une entreprise qui engage 100.000 € de dépenses en R&D pourra bénéficier d’un avantage fiscal significatif (Forschungszulage). En intégrant un forfait de 20 % pour frais généraux, le montant total éligible passe à 120.000 €. Sur cette base, l’entreprise obtient une réduction d’impôt de 25 %, soit un crédit d’impôt de 30.000 €. Cet avantage est remboursable, même en cas de faible bénéfice, et accessible à toutes les structures, y compris les filiales de groupes étrangers implantées en Allemagne.
Le « Deutschlandfonds », un fond doté d’au moins 10 Mds€ de fonds propres publics avec une capacité d’investissement portée à 100 Mds€ via effet de levier privé cible principalement les entreprises en croissance, start-ups, scale-ups industrielles, deeptechs et Mittelstand innovant.
En parallèle, le Zukunftsfonds, dont l’objectif est de renforcer notamment les possibilités de financement dans la phase de croissance à forte intensité de capital des start-ups (capital-risque), est prolongé au-delà de 2030, et les investissements privés doivent plus que doubler (objectif de 25 Md€ d’ici 2030).
L’Etat étudie l’implémentation d’un « One-Stop-Shop » digitalisé pour créer une entreprise en moins de 24 heures, sans passer physiquement par un notariat ou par l’administration, par la centralisation des données (registre du commerce, fiscalité, sécurité sociale) et par l’introduction d’un compte citoyen numérique (EUDI-Wallet) pour tous, valable pour les entreprises aussi. Mesure à suivre.
À travers des investissements massifs dans l’IA, le cloud souverain, la robotique et l’informatique quantique, la locomotive européenne compte embrasser la course à la modernité. Le gouvernement table sur la création d’un écosystème IA/startup friendly avec guichet unique, soutien à l’implémentation du AI Act européen dans un esprit pro-business ainsi qu’un focus sur les applications IA pour l’industrie, la médecine, la défense et l’éducation.
Le gouvernement souhaite développer son tissu de jeunes entreprises disruptives mettant au point des technologies fortement novatrices en renforçant l’agence SPRIND (agence fédérale de l’innovation de rupture) avec un élargissement au domaine de la défense et la mise en place d’un cadre de financement par jalons (Milestone-based) pour les technologies Moonshots, dont les innovations ne visent pas la rentabilité à court terme.
La coalition compte également réformer Solvency II afin de réduire les exigences en fonds propres pour favoriser le financement d’infrastructures et de capital-risque et créer un cadre unifié pour l’exploitation de la propriété intellectuelle issue de la recherche publique, facilitant les spin-offs.
Poursuivant ce même objectif de débureaucratisation, de nombreux allègements réglementaires et fiscaux sont attendus : un moratoire sur les nouvelles obligations statistiques et la suppression de l’obligation de formes écrites pour de multiples démarches. Cette réduction de l’administratif estimé à 25% se chiffre à 16Mds€. Parallèlement, une réforme des aides pour faciliter l’accès aux programmes innovants (INNO-KOM, ZIM, KMU-Innovativ) est prévue.
DOMAINE | COALITION PRÉCÉDENTE | COALITION 2025 |
---|---|---|
CRÉATION D’ENTREPRISE | Processus papier et notarial lent | One-stop-shop numérique et création en 24h |
CAPITAL-RISQUE | Zukunftsfonds (10 Md€ sur 10 ans) | Deutschlandfonds (100 Md€ sur 5 à 10 ans) |
IA | Focus académique, pas de guichet unique | Cloud et IA intégrés, écosystème start-up friendly |
SPRIND | Rôle limité à la recherche civile | Extension à la défense et moonshots stratégiques |
MITTELSTAND | Accès complexe aux aides | Simplification massive et programmes sur mesure |
Le plan de relance mis en œuvre par le gouvernement allemand combine incitations fiscales puissantes, investissements publics massifs et réformes structurelles pour repositionner l’Allemagne comme un pôle industriel, technologique et innovant majeur en Europe.
Pour les entreprises françaises, ce contexte offre bien plus qu’un simple effet d’aubaine, il constitue une fenêtre stratégique de 2 à 5 ans pour structurer une croissance durable sur le marché allemand — à condition d’agir vite, de structurer les bons relais locaux et d’aligner leur offre avec les priorités industrielles allemandes (innovation, souveraineté technologique, transition écologique).
Voici trois leviers concrets à activer dès aujourd’hui :
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