29.09.2022
Le transport maritime, la construction navale et l’infrastructure portuaire sont des domaines essentiels pour l’Allemagne, très tournée vers le commerce extérieur. Dans ces secteurs, fortement soutenus par l’état allemand, les enjeux climatiques et numériques créent des opportunités pour les entreprises françaises.
Dans cet article, nous ferons un tour d’horizon de l’industrie navale allemande et des nouveaux défis auxquels elle est confrontée : transition verte, transition numérique, innovations techniques pour la marine marchande et les bateaux de croisière, autant de sujets qui étaient au rendez-vous du salon maritime SMM à Hambourg du 6 au 9 septembre 2022.
L’Allemagne totalise 7 675 km de voies navigables, ce qui lui vaut la seconde place à l’échelle européenne après la Finlande. La France se place en 4e position et compte un peu plus de 5 000 km de voies navigables.
Tous les grands centres industriels et commerciaux allemands, ainsi que plus de 55 grandes villes allemandes, sont situés sur une voie navigable.
Le Rhin est la voie navigable la plus importante d’Europe et la plus fréquentée au monde. Relié au Danube par un canal, cette voie fluviale relie ainsi la mer du Nord à la mer Noire sur une distance d’environ 3 500 km, permettant à des villes comme Francfort, Würzburg, Nuremberg et Ratisbonne de bénéficier d’un accès direct à la mer.
Parmi les principaux cours d’eau allemands, on peut citer également l’Elbe, la Weser, l’Oder ou encore le
Au total, l’Allemagne compte plus de 3 000 ports fluviaux et maritimes et aires de stationnement gérées.
L’Allemagne est le pays européen dont la part de transport par voie maritime est la plus élevée : 34,3 % en 2020. En comparaison, les Pays-Bas affichent 33,4 % et la France seulement 5,2 %, soit 6 fois moins que l’Allemagne.
L’Allemagne compte 156 entreprises portuaires et 14 ports maritimes. Au total, 276 M de tonnes de de marchandises ont été transbordées en Allemagne en 2020. Le chiffre d’affaires généré en 2021 dépasse les 62 Mds €.
Dans le top 10 des plus grands ports européens en termes de volume, 2 sont allemands : Hambourg et Brême/Bremerhaven.
Les 3 ports maritimes les plus performants d’Allemagne sont, dans l’ordre : Hambourg, Bremerhaven et Wilhelmshaven. Ils se trouvent sur la mer du Nord, principale ouverture sur le monde. En 2018, le transbordement de marchandises des ports de la mer du Nord a augmenté et atteint un poids total d’environ 250,7 millions de tonnes.
Le port de Hambourg est le plus grand port maritime d’Allemagne. Environ 117 millions de tonnes de marchandises y ont été transbordées en 2019, ce qui représente 40 % de l’ensemble du transbordement maritime de marchandises en Allemagne. Le port de Hambourg est le 3e port d’Europe qui compte le plus de trafic de conteneurs après Rotterdam et Anvers.
Le port de Bremerhaven est surtout performant dans le transbordement de voitures et de marchandises pour l’industrie éolienne offshore. En 2019, Bremerhaven comptabilise un transbordement de marchandises de près de 48 millions de tonnes.
Wilhelmshaven, situé juste en face de Bremerhaven, est le premier port d’Allemagne pour l’importation de pétrole et le 3e port le plus performant. En 2019, 23 millions de tonnes de marchandises y ont été transbordées.
Duisbourg est le port intérieur (ou fluvial) le plus important d’Allemagne avec 48 millions de tonnes de marchandises transbordées en 2018. 
Source : Destatis / Zentralkommission für die Rheinschifffahrt
Le secteur naval regroupe les équipementiers, la construction navale, les installations éoliennes offshore, le nautisme, les prestataires de services, les ports, la construction des eaux et l’aquaculture.
La grande majorité des 309 armateurs se situe dans le Nord : Hambourg, Brême, Niedersachsen, Schleswig-Holstein, Mecklenburg-Vorpommern et Übrige.
Parmi les principaux armateurs allemands, on trouve :
L’Allemagne compte 130 chantiers navals spécialisés majoritairement dans la construction de paquebots de croisière, mais également dans les yachts de luxe, les navires spéciaux, les sous-marins, les ferries et les navires offshores.
Les fournisseurs du secteur naval allemand emploient environ 82 000 personnes dans quelque 500 entreprises. Ils vendent des équipements ou composants indispensables à l’industrie navale tels que l’acier, la peinture, l’électronique et les machines-outils pour les moteurs.
Le secteur de la construction navale est largement dominé par les PME (Mittelstand) et exporte ses produits de haute technologie dans le monde entier.
En 2021, le secteur de la construction navale a généré 7 Mds € de chiffre d’affaires.
Parmi les principaux acteurs de construction navale :
Le nombre d’allemands possédant des bateaux à voile et à moteur n’est pas négligeable. On dénombre 450 000 propriétaires de bateaux à voile et 300 000 propriétaires de bateaux à moteur.
L’industrie du tourisme nautique a généré 4,2 Mds € de chiffre d’affaires en 2019 et compte plus de 20 000 emplois directs.
L’Allemagne a adopté une stratégie de spécialisation en matière de construction navale. Elle a développé ses expertises et compte de nombreux champions sur des marchés de niche : paquebots de croisières, navires spéciaux, yachts de luxe, sous-marins, ferries, navires offshore.
Le secteur des bateaux de croisière retrouve son niveau d’avant-crise. En 2019, le secteur a généré un CA de 2,5 Mds € qui est retombé à 431 M € en 2020. En 2022, le marché se redresse avec 1,7 Mds €. En 2024, le CA prévisionnel s’élève à 2,5 Mds €.
L’industrie maritime est spécialisée dans les produits de haute technologie, ce qui la rend très compétitive au niveau international notamment en matière de navigation par conteneurs. Pour maintenir cette position dominante, le gouvernement allemand n’hésite pas à soutenir financièrement le secteur. En décembre 2021, il valide un programme de financement de 70 M € pour 2022 et 2023 avec pour objectif de renforcer, moderniser et numériser la navigation en tant que moyen de transport respectueux du climat et de l’environnement.
En janvier 2022, la nouvelle directive du ministère de l’économie et de l’énergie destinée à promouvoir des emplois compétitifs dans la construction navale jusqu’en décembre 2023 est entrée en vigueur. L’incitation à l’innovation et aux emplois compétitifs porte sur la construction de nouveaux types de navires ou de structures offshore, la conception de nouveaux composants et systèmes pour les navires ou structures offshore, et enfin l’application de nouveaux procédés dans la construction navale.
Source : BMWK
Pour garder son leadership, le gouvernement allemand élabore en 2017 un « Agenda maritime 2025 » et y alloue 1 Md € issus du plan de relance.
L’agenda présente une série de mesures l’un des points forts est la numérisation (« Maritime 4.0 »). Il s’agit notamment d’accélérer le développement de connexions à large bande très performantes, en particulier dans les ports, et de promouvoir des services pour la navigation en temps réel.
En outre, l’État fédéral soutient les Länder dans le développement de l’infrastructure d’alimentation électrique dans les ports et les embarcadères.
Le gouvernement fédéral encourage le secteur maritime à développer des moteurs à propulsion hydrogène dans le cadre de la stratégie nationale pour l’hydrogène afin de garantir davantage de durabilité dans le transport maritime.
L’entreprise Freudenberg, spécialisée dans les technologies innovantes, et le chantier naval Lürssen développent en partenariat un système hydrogène pour les mega-yachts. Ils mettent ainsi au point en mai 2021 leur premier bateau « pousseur » propulsé par des batteries et des piles à combustible à hydrogène : Elektra. Le bateau a été construit sur le chantier naval Hermann Barthel GmbH et est entré dans le port ouest de Berlin en décembre 2021 pour faire ses preuves sur le long-terme.
Les champs de recherche et d’innovation dans le secteur maritime sont nombreux, en croissance et en recherche de talents :
Grâce au Rhin, aussi surnommé « la colonne vertébrale de l’Europe rhénane », et son accès à la mer du Nord, l’Allemagne a établi tout un écosystème autour du commerce fluvial. Les acteurs historiques comme innovants sont nombreux et permettent à l’Allemagne d’ancrer sa position comme économie maritime performante et compétitive. Les défis récents du réchauffement climatique et de pénuries de matières premières la force à innover, ouvrant donc des opportunités pour les entreprises françaises novatrices.
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