Tout savoir sur la gestion salariale en Allemagne

24.08.2020
Alors que le gouvernement français vient d’annoncer le report de l’annonce de son plan de relance, le gouvernement fédéral allemand avait publié le sien le 4 juin 2020 déjà, sous forme de plan conjoncturel et de maitrise de la crise (Konjunktur- und Krisenbewältigungspaket), fruit de tractations intenses au sein de la coalition CDU-CSU et SPD.
L’enveloppe globale annoncée par le gouvernement d’Angela Merkel est de 130 Mrd. Euro, qui s’ajoutent aux 1.200 Mrd. Euro déjà débloqués en mars 2020, au début de la crise liée à la pandémie de Coronavirus.
L’Allemagne est ainsi le pays de l’OCDE qui a décidé de consacrer le plus de moyens au soutien de son économie, avec près de 25 % de son PIB 2019 dont quasiment la moitié en aides financières, l’autre moitié sous forme de reports de charges et de fiscalité. La France a à ce jour annoncé un volume d’aides pour environ 12 % de son PIB 2019, dont ¼ seulement sous forme d’aide directe.
Il faut dire que les marges de manœuvres de la première économie européenne ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de l’hexagone. L’Allemagne est en effet entrée dans la crise avec un endettement fin 2019 de 60 % de son PIB (France : 98,1 %) et un excédent budgétaire de 1,4% (France : -3,0 %).
Compte tenu des efforts annoncés, l’endettement allemand devrait atteindre fin 2020 75 % du PIB, contre 120 % côté français et le déficit 6,0 % outre Rhin, contre 11,4 % en France.
Le plan conjoncturel et de maitrise de la crise du gouvernement allemand représente environ 130 Mrd. Euro de dépenses et de manque à gagner dans les recettes de l’état fédéral.
Il comporte 57 mesures, réparties en 3 grands volets :
Un point marquant de ce plan de relance, par comparaison aux précédentes annonces qui avaient surtout été fléchées en direction des entrepreneurs, des indépendants aux grands groupes, en passant par le tissu très dense de PME et ETI, est la volonté de soutenir la consommation des ménages et le pouvoir d’achat.
Bien sûr toutes les mesures précédentes, destinées prioritairement à soutenir les entreprises et l’emploi, comme l’amélioration du mécanisme d’activité partielle, portaient en elles déjà indirectement un caractère salvateur pour les salariés et donc les ménages. Il est d’ailleurs envisagé de prolonger jusqu’en fin 2020, voire au premier trimestre 2021, le mécanisme renforcé pour l’activité partielle.
Mais dans le présent plan, près de 45 Mrd. Euro s’adressent désormais prioritairement aux citoyens :
Autre fait marquant, dans un pays aussi décentralisé que l’Allemagne, le soutien de l’état fédéral aux collectivités locales. Plus de 13 Mrd. Euros sont consacrés à des fonds fédéraux, des allègements de charges ou des soulagement budgétaires pour les communes, Länder ou encore sociétés locales de transports publics, particulièrement affectées par les baisses de recettes liées à une moindre fréquentation.
Au pays de l’industrie reine et du Mittelstand, le soutien de l’Etat aux entrepreneurs reste cependant central. Il revêt un grand nombre de nouvelles mesures ou de prolongement, voire renforcement de mesures existantes.
On citera pelle mêle :
Mais la dimension quasi révolutionnaire du plan de relance allemand réside dans l’aspect visionnaire et la projection dans l’avenir que l’Etat fédéral veut impulser à travers lui à son industrie et plus globalement à son économie.
Dans un pays où le non-interventionnisme de l’Etat sur le monde économique privé est quasiment érigé en dogme, les plus de 60 Mrd. Euro d’investissements, subventions et autres incitations décidées pour accélérer la transformation industrielle du pays et doter l’Allemagne des domaines d’excellence de demain sont d’une ampleur inédite.
Trois domaines font l’objet de l’attention la plus marquée de la part du gouvernement :
Si certaines mesures revêtent un caractère universel, favorisant l’investissement technologique dans tous les domaines, tels les 6 Mrd. Euro de manque à gagner fiscal attendus par l’introduction d’un amortissement dégressif pour les actifs circulants, destiné à stimuler l’investissement productif, le milliard d’euro consacré sur 5 ans à l’augmentation du crédit d’impôt recherche ou celui que l’Etat prévoit de consacrer à se substituer aux entreprises en difficultés dans le financement de projets de R&D qu’elles avaient confiés à des organismes de recherche non-universitaire, pour éviter leur interruption, d’autres sont spécifiquement ciblées, telles :
Mobilités :
Auxquels s’ajoutent 5 Mrd. Euro d’augmentation de capital de la Deutsche Bahn (la SNCF allemande) pour accélérer la modernisation de son matériel roulant, du réseau et des systèmes.
Climat et énergie :
Numérique et communications :
Last but not least, le domaine de la santé et en particulier celui de la protection du pays contre les infections fait l’objet d’investissements annoncés à hauteur de 10 Mrd. Euro.
Le service public de la santé se voit doté de 4 Mrd. Euro supplémentaire pour renforcer les moyens humains, numériques et matériel pour lutter contre les infections. L’hôpital voit son fonds structurel d’investissement d’avenir doté de 3 Mrd. Euro supplémentaires, notamment pour renforcer la capacité et la performance des soins intensifs. L’industrie enfin bénéficiera de près de 3 Mrd. Euro de fonds pour favoriser la production flexible de médicaments, vaccins et équipements de protection pour améliorer la souveraineté nationale en matière de lutte contre les fléaux sanitaires.
Ce plan de relance allemand, plus interventionniste que jamais, est certes lancé avant tout pour soutenir l’économie et la société allemande dans la gestion des conséquences de la pandémie du Coronavirus. Il s’inscrit néanmoins dans un contexte européen nouveau, y compris pour l’Allemagne, qui a activement plaidé aux côtés de la France, pour la mise au point d’un plan de relance à l’échelle de l’Union et, pour la première fois, financé en partie par l’émission d’une dette commune.
Les prévisions fin juin faisaient état d’une baisse de la croissance du PIB pour 2020 de -6,5 %, des exportations de -14,5 %, de la consommation des ménages de -5,5 % et de l’investissement de -5,2 % avec des perspectives meilleures en 2021 de respectivement +4,9 %, +8,5 %, +4,7 % et +3,5 %.
Hyper dépendante de l’export, l’Allemagne sait pertinemment que son salut dépend en grande partie de l’amélioration de la situation économique de ses partenaires européens, en particulier du premier d’entre eux à savoir la France (son 2ème excédent commercial mondial après les USA).
Cet article est une adaptation libre réalisée par CCI France Allemagne CCFA eV à partir des « Points clés du plan de relance économique : combattre les conséquences de la crise de Corona, assurer la prospérité, renforcer la vitalité future » publiés par le gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne en date du 03.06.2020.
Malgré le plus grand soin porté à la lecture et à l’interprétation du texte original, CCI France Allemagne CCFA eV décline toute responsabilité en cas d’inexactitude ou de mauvaise interprétation.
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