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Allemagne 2022 : des secteurs en tension, des opportunités pour les PME françaises
13.09.2022
Après 2 années de ralentissement dû à la pandémie, l’économie allemande s’est engagée dans une nouvelle phase de croissance dès 2021 et lutte aujourd’hui face aux pénuries de matières premières et aux contrecoups de la guerre en Ukraine, notamment énergétiques.
À cela vient s’ajouter le manque de main d’œuvre dans un pays où le chômage n’est que de 5 %. Cette situation met plusieurs secteurs sous tension. Pour soutenir son industrie et plus globalement son économie dans une période difficile, l’Allemagne continue d’investir massivement.
L’économie allemande a été moins impactée par la crise Covid que la plupart de ses voisins européens. Alors que la France connaissait une récession de l’ordre de -8,3 % en 2020, le PIB allemand n’était en repli « que » de -4,6 %. Dès 2021, l’Allemagne a pu reprendre le chemin de la croissance avec une augmentation du PIB de 2,7 % selon le Ministère Fédéral de l’Économie.
En 2022, l’Allemagne fait face aux mêmes défis que ses voisins européens, entre guerre en Ukraine, pénurie de matières premières, fluctuation du commerce mondial et inflation. De nombreux secteurs sont toutefois en pleine croissance, certains sont même en tension au plan des ressources ou de la main d’œuvre, créant ainsi un appel d’air pour des fournisseurs étrangers : de belles opportunités pour les entreprises françaises, avantagées par leur position de partenaires naturels de l’économie allemande.
Nous étudierons trois de ces secteurs porteurs dans cet article : la construction/BTP, la santé et l’industrie 4.0.
Secteur du BTP : des objectifs ambitieux freinés par la pénurie de main-d’œuvre
L’Allemagne a construit 306 000 logements en 2020 et 295 000 en 2021, soit une augmentation de 90 % par rapport à 2009.
L’Allemagne est le 1er marché européen dans le domaine de la construction avec des investissements à hauteur de 380 Mds € contre 305 Mds € pour la France.
Ces dernières années, le marché est porté par une croissance importante. Entre mars 2021 et mars 2022, l’office allemand des statistiques Destatis constatait une augmentation de 32,7 % des commandes auprès des entreprises de construction et d’ingénierie civile. L’augmentation de 5,1 % des permis de construire sur la même période confirme cette tendance.
En 2020, l’Allemagne a construit 306 000 logements et 295 000 en 2021, soit une augmentation de 90 % par rapport à 2009.
Le constat est clair : le marché allemand de la construction est en plein essor et les objectifs fixés par le nouveau gouvernement laissent penser que cette tendance va se poursuivre.
Les objectifs du gouvernement Scholz :
- Rendre le parc immobilier neutre en carbone d’ici 2045 et réduire les émissions de 65 % dès 2030.
75 % des bâtiments allemands datent d’avant 1980 : la rénovation est donc un impératif qui dynamise le secteur. Afin d’atteindre les objectifs, l’État met 2,5 Mds € sur la table pour la rénovation et la construction à haut rendement énergétique. - Construire 400 000 nouveaux logements chaque année, dont 100 000 logements sociaux.
C’est l’annonce faite en début d’année par Klara Geywitz, ministre fédérale en charge du logement. L’État prévoit une enveloppe de 14,5 Mds € pour soutenir le rythme d’ici 2026. - Développer la numérisation de la branche :
le Ministère fédéral en charge des infrastructures numériques et de l’aménagement du territoire pousse à la transformation numérique en imposant l’utilisation de systèmes BIM (Building Information Modeling, modélisation des informations du bâtiment) pour la construction d’infrastructures publiques depuis 2020.
Les entreprises du bâtiment arrivent aujourd’hui aux limites de leurs capacités. Fin 2020, 780 000 permis de construire pour des logements avaient été approuvés sans que la construction ne démarre par la suite. La croissance régulière du secteur depuis plusieurs années a entraîné une hausse des recrutements (depuis 2015 : +12,6 % dans l’électricité et la plomberie, +16,4 % dans l’isolation). Les acteurs du secteur ne sont plus en capacité de tenir le rythme, ce qui remet en cause les objectifs.
L’Allemagne aura besoin de partenaires étrangers pour maintenir cette cadence. Dans ce contexte, les sociétés françaises ont une carte à jouer et peuvent s’appuyer sur un historique de coopération entre les deux pays et leurs économies. Les opportunités sont bien réelles pour des fournisseurs français, tant en termes de systèmes BIM pour la numérisation de la construction que de technologies de réduction de la consommation des logements (isolation, systèmes de chauffage, etc.).
Ce constat peut être élargi aux autres secteurs des Travaux Publics et du génie civil. Par exemple, le déploiement massif de la fibre optique FTTH en Allemagne profite déjà à plusieurs entreprises françaises (NGE, Sogetrel, SFR, …) qui viennent non seulement apporter une solide expertise dans le domaine, mais aussi pallier le manque de main d’œuvre outre-Rhin.
Secteur de la santé : le mastodonte européen manque de bras
Là encore l’Allemagne est leader en Europe avec un marché évalué à 400 Mds €.
En termes de volume du marché, de nombre de patients ou de nombre de fabricants de dispositifs médicaux, l’Allemagne domine le continent et se hisse en 2ème position mondiale derrière les États-Unis. La dynamique est à la hausse avec une croissance moyenne de 4,1 % par an sur les 10 dernières années, portant la part du secteur à environ 12 % du PIB allemand. Le secteur de la santé en Allemagne compte environ 1,6 millions de salariés, soit le 6ème secteur allemand en termes d’emplois.
Le marché compte 1 350 fabricants de dispositifs médicaux, dont 93 % font moins de 250 salariés. Ils génèrent à eux seuls environ 30 Mds € dont quasiment 20 Mds € sont réalisés à l’export.
Pour soutenir ce secteur à forts besoins en R&D, 30 clusters opèrent dans les domaines liés au marché de la santé et œuvrent à interconnecter entreprises, universités, hôpitaux et centres de recherche. Ils peuvent aussi compter sur un soutien financier du Ministère Fédéral de l’Économie avec les programmes « go-cluster » et « Digital Hub Initiative ».
Le marché de la santé allemand ne risque pas de se rétracter au vu de la démographie du pays. D’ici 2035, 24 millions d’Allemands auront plus de 65 ans, soit 31 % de la population et 60 % des Allemands de plus de 15 ans sont en surpoids. Pour maintenir la qualité de ses services de soin, l’Allemagne a investi massivement dans le secteur de la santé : on observe une hausse des dépenses de 1,2 % du PIB entre 2008 et 2018, sans compter les dépenses liées à la pandémie de Covid-19. En outre, un plan massif de digitalisation des infrastructures médicales publiques a été lancé par le gouvernement fédéral, la loi sur l’hôpital du futur (« Krankenhauszukunftsgesetz », KHZG), avec un financement à hauteur de 4 Mds €.
En 2019, l’Allemagne importait déjà pour 22 Mds € de dispositifs médicaux.
Avec l’expansion constante de son marché de la santé, l’Allemagne fait face à des difficultés importantes de recrutement. Il manque déjà 40 000 infirmiers et le réseau PWC estime à 1,8 millions le nombre de postes inoccupés dans la santé publique d’ici 2035. La pénurie de médecins risque d’affecter toute la chaîne, y compris la recherche et la production de dispositifs médicaux. Avec leur potentiel innovant important, les entreprises françaises peuvent répondre aux exigences d’un marché particulièrement avancé. En 2019, l’Allemagne importait déjà pour 22 Mds € de dispositifs médicaux. La demande était particulièrement forte dans les technologies médicales interventionnelles, la neuro-ingénierie, le génie cellulaire et tissulaire, les procédés d’imagerie, la télémédecine ou la e-santé.
L’industrie 4.0 : une révolution industrielle dépendante de la coopération européenne en matière d’innovation
L’Allemagne est le poumon industriel de l’Europe. Ce titre est acquis et aujourd’hui incontestable. Cependant, consciente des nouveaux enjeux et de l’apport du numérique dans les applications industrielles, l’Allemagne est en train de lancer sa nouvelle révolution. Le terme « industrie 4.0 » a été lancé par les allemands. Utilisé pour la première fois il y a 10 ans lors de la foire d’Hanovre, il fait référence aux plans du gouvernement fédéral visant à développer une industrie numérisée et fait presque office de marque servant à faire briller l’excellence industrielle allemande dans le monde entier.
Au-delà d’un rêve en cours de développement, l’industrie 4.0 correspond surtout à des perspectives bien réalistes. Le potentiel est même estimé à 425 Mds € de valeur ajoutée à la production industrielle allemande.
Le Ministère fédéral de l’Économie estime à 40 Mds € par an les investissements de l’économie allemande dans l’industrie 4.0.
Pour conserver sa place de leader industriel et son standard de qualité reconnu dans le monde entier, le gouvernement fédéral et le tissu industriel ont lancé des projets de recherche et de financement très importants.
Le Ministère fédéral de l’Économie estime à 40 Mds € par an les investissements de l’économie allemande dans l’industrie 4.0.
Depuis 2011, le Ministère fédéral de l’Économie et le Ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche ont mis 500 M € sur la table pour financer 26 centres de recherche travaillant sur des projets d’usines du futur.
L’usine 4.0 en est encore au stade de développement. Plusieurs projets sont encore en phase d’étude. On peut citer le projet de l’Université Stuttgart-Vaihingen baptisé Arena2036, ou le centre d’application industrie 4.0 de l’Institut Fraunhofer IPA.
Pour autant, de nombreuses entreprises ont déjà bien engagé leur mutation. Siemens a ainsi lancé Mindsphere, un logiciel permettant de connecter les machines et robots industriels afin de répondre aux nouveaux enjeux de l’industrie 4.0. Le géant allemand bénéficiait d’une expérience notoire grâce à son usine d’électronique à Amberg. Un système central de gestion y a été implémenté afin de connecter toutes les machines et adapter en temps réel la production en fonction des données remontées. De même chez Infineon, fabricant de semi-conducteurs, un logiciel étudiant en temps réel la demande grâce au deep learning a permis d’optimiser la production. Même le Mittelstand allemand se lance avec, par exemple, le projet Adamos en coopération avec DMG Mori, Dürr, Zeiss, ASM et Software AG, qui vient concurrencer l’offre de Siemens.
Le potentiel de coopération entre la France et l’Allemagne sur les sujets de l’usine du futur est très important. Très tôt, l’Allemagne a compris que pour garder un leadership, elle devait intégrer les compétences étrangères. Ainsi, « Plattform Industrie 4.0 », la réunion des acteurs industriels, politiques et de la recherche pour le développement de l’industrie 4.0, est ouverte à la candidature des entreprises françaises, qui peuvent intégrer un de ses groupes de travail. Les gouvernements français et allemands collaborent également pour financer des projets industriels concernant la 5G.
D’ailleurs, plusieurs programmes ont vu le jour pour favoriser les projets collaboratifs autour de l’innovation. C’est le cas de l’appel à projets France-Allemagne ZIM soutenu par Bpifrance et le ministère de l’Économie allemand ou encore le programme Eurostars, initié par le réseau Eureka. Ces différentes initiatives sont soutenues et financées par Bpifrance. Pour en savoir plus : https://www.bpifrance.fr/nos-solutions/innovation.
Il est aujourd’hui possible pour les entreprises françaises de sortir du rôle de fournisseur pour devenir un partenaire de l’industrie du futur allemande à part entière. La capacité d’innovation du tissu économique français est particulièrement reconnue dans les domaines du développement de logiciels. En outre, avec une pénurie d’ingénieurs et 151 000 postes actuellement vacants, selon l’Association des Ingénieurs Allemands (« Verein Deutscher Ingenieure »), l’industrie allemande a besoin de l’apport étranger pour maintenir sa position de leader continental.
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